Devon Dikeou

« Please » est une série photographique recréant les seize derniers tableaux peints par Edouard Manet alors qu’il mourait de la syphilis. Les seize tableaux de Manet étaient de petite taille et chacun représentait un bouquet de fleurs fraîches dans des vases en verre. Pour la série photographique, chaque vase a été refait à la main par un souffleur de verre, et chaque composition florale a été méticuleusement étudiée, reproduite et répliquée fleur par fleur, tige par tige, fleur par fleur et photographiée dans la même position que chacune repose dans les peintures originales de Manet. De plus, les photographies ont ensuite été agrandies aux dimensions exactes des peintures existantes de Manet. Pour l’exposition, les vases soufflés à la main sont exposés sur une table antique de la même période que celle où les peintures ont été peintes, vides et comme des objets en soi. Les seize reproductions photographiques et les dix vases sont visibles après être entrés dans une vitrine labyrinthique de type boîte chinoise tapissée d’un faux motif de marbre et la dernière vitrine offre deux miroirs en fonte de style d’époque créant un effet miroir infini des photos et des vases. De plus, dans l’espace annexe, les fleurs utilisées pour la séance photo ont été séchées et les feuilles de chaque bouquet ont été placées dans des bocaux Pace Picante vides et sont exposées sur une autre table ancienne du XIXe siècle et reflètent la position du lieu de commande, Artpace à San Antonio, au Texas. Enfin, il y a une photo du Dallas Museum of Art, qui, dans sa section Arts décoratifs, abrite l’un des tableaux de Manet reproduits, dans une maison reproduite appartenant à l’origine à Coco Chanel, qui a été vendue, domiciliée, mais finalement donnée par Wendy et Emory Reeves. Le tableau de Manet est absent de cette photo et, comme les bocaux Pace Picante, fait allusion au rôle de collectionneur, de mécène, d’artiste et de lieu – quelque chose qui intéressait beaucoup Manet. Enfin, le titre est une extrapolation d’un essai de Peter Schjeldahl, « Edouard Manet », dans lequel il décrit le peintre comme un homme qui voulait simplement plaire au public tout en abordant des sujets aussi divers ou interconnectés que la richesse, le souvenir, l’amour, le sexe, la mort, la perte. L’installation vise à jouer sur les idées du « please », à la fois le plaisir et sa salutation instructive, tout en questionnant les rôles de commanditaire, de collectionneur, d’artiste, de spectateur, de contexte.